Les antennes de pharmacie - Où en sommes-nous ?

Un maillage territorial sous tension

Le maillage officinal français est mis à l’épreuve : en dix ans, près de 10 % des pharmacies ont fermé (soit environ 2 000 officines). Dans certaines communes rurales, cette tendance se traduit par un risque de désert pharmaceutique.

Pour y répondre, une solution expérimentale a vu le jour : les antennes de pharmacie

La (presque) première antenne française

La toute première antenne de pharmacie a été administrativement autorisée en 2022 à Tende (Alpes-Maritimes), dans un contexte très particulier, le village venait d’être sinistré par des inondations suite à la tempête Alex. Le projet, soutenu par l’ARS PACA et la CPTS locale, avait pour but de rétablir un accès aux soins pour les habitants de la commune.Mais faute de pouvoir recruter, l’expérience a peiné à trouver son rythme et n’a finalement jamais vu le jour.

Une dynamique relancée

Depuis la promulgation de la loi Valletoux du 27 décembre 2023, les antennes bénéficient d’un cadre juridique clair. L’expérimentation, pilotée par la DGOS et les ARS, concerne aujourd’hui six régions pilotes :

• Corse
• Auvergne–Rhône-Alpes
• Bretagne
• Centre-Val de Loire
• Provence-Alpes-Côte d’Azur
• Occitanie

Au total, 6 projets ont été validés. Quatre antennes sont déjà opérationnelles, et d’autres ouvertures sont prévues dans les prochains mois.

Des conditions à respecter

L’expérimentation est encadrée par un cahier des charges précis. Parmi les principales conditions :

• Commune de moins de 2500 habitants
• fermeture récente d’une officine sans repreneur
• Pharmacie mère limitrophe ou la plus proche de la future antenne
• Ouverture de l’antenne assurée pour au moins 3 ans
• Présence obligatoire d’un pharmacien sur le site de l’antenne
• approvisionnement régulier du stock de médicaments

Les horaires d’ouverture varient selon les projets, de 2 demi-journées (8h) par semaine minimum (La Chapelle d’Anguillon), jusqu’à 4 jours (32h) par semaine minimum (Coupiac).

L’antenne type

Sur la base des projets en cours, on peut dresser un premier profil type :

• 44 m² de surface moyenne de dispensation
• située à 20 km de sa pharmacie mère
• ouverte en moyenne 15 heures par semaine
• dans une commune d’environ 500 habitants
• bénéficiant d’un soutien financier d’environ 60 000 € sur trois ans (FISS + FIR)

Des défis & des dérives

L’expérimentation suscite autant d’attentes que de réserves.

À Cozzano (Corse), la pharmacie mère a dû composer avec des difficultés administratives et de facturation inédites avec la CPAM.

D’autres pharmaciens, comme Angélique Siettel (Loire), soulignent les complexités logistiques : recherche de local, nécessité de recruter, adaptation des logiciels, coordination avec les grossistes…

Du côté des syndicats, les avis sont partagés :

• Pierre-Olivier Variot (USPO) se dit favorable, mais appelle à la vigilance sur la distance entre l’antenne et l’officine mère.
• Lucie Bourdy Dubois (FSPF) met en garde contre des implantations hors esprit, par exemple lorsqu’une antenne est créée à proximité d’autres pharmacies déjà existantes.

Entre espoirs et inquiétudes

Solution miracle pour pallier à un affaiblissement du maillage territorial ou porte ouverte à des dérives qui le fragiliseront davantage ? C’est la réponse tant attendue que cette expérimentation nous apportera.Une évolution du paysage pharmaceutique à suivre de près, avec un impact potentiellement majeur dans les prochaines années.

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